L’État absent de la stratégie d’Air France
L’État, donc les contribuables, assure le paiement de 80 % de la masse salariale d’Air France depuis le début de la crise sanitaire du Covid-19.
L’État, donc les contribuables, va inéluctablement transformer les 7 milliards de prêts accordés (directs ou garantis) en prise de capital d’Air France, et ainsi devenir l’actionnaire majoritaire d’Air France.
L’État, donc les contribuables, est le grand absent de la stratégie d’Air France sur le long terme.
Le plan de M. SMITH, Directeur général exécutif du groupe Air France-KLM ne répond à aucun des besoins économiques, sociaux, environnementaux et d’aménagement du territoire de l’État, donc des contribuables.
En effet, d’un point de vue économique, le choix de développer Transavia France sur le réseau domestique au détriment d’Air France conduit à investir dans des Boeing 737 d'ancienne génération plutôt que de maintenir une flotte d’avions de type Airbus, produits en Europe, plus particulièrement en France, sur ce réseau.
D’un point de vue social, ce transfert conduit à la perte de plus 7000 emplois directs chez Air France, pour encourager un modèle « low cost », source de sous-traitances à outrance, donc de précarisation de l’emploi.
D’un point de vue environnemental, le choix de Boeing 737 d’ancienne génération prive le réseau domestique d’avions nouveaux, beaucoup plus économes. Par ailleurs, la suppression de fréquences domestiques permet d’afficher les objectifs de réduction de 50 % des émissions de CO2 sur ce réseau, mais n’a aucun effet positif global sur l’empreinte environnementale d’Air France, puisque les créneaux rendus disponibles au départ d’Orly seront utilisés sur des vols loisirs bien plus longs et bien plus polluants.
D’un point de vue de l’aménagement du territoire, l’abandon de certaines lignes ou la diminution des fréquences va contribuer à enclaver des bassins d’emplois entiers.
ALTER, syndicat représentatif des pilotes de lignes d’Air France, a, durant tout l’été, alerté la représentation nationale et le gouvernement de toutes ces incohérences destructrices portées par le projet « VESTA » de M. SMITH, tant pour l’avenir de notre entreprise que pour l’industrie aéronautique française et l’écologie.
À l’occasion de notre audition devant la commission du Développement durable et de l’Aménagement du territoire de l’Assemblée nationale, ALTER a présenté les arguments factuels qui imposent avant toute chose l’arrêt immédiat de la mise en oeuvre du projet « VESTA » sur le réseau domestique.
ALTER propose ensuite à l’Assemblée nationale de procéder à un état des lieux approfondi de l’industrie du Transport aérien français afin de décrypter de manière aussi fine que possible les différents enjeux nationaux et internationaux de demain et ainsi tracer des perspectives claires pour les dix prochaines années.
ALTER propose enfin qu’une table ronde nationale regroupant tous les modes de transports existants (aérien, ferroviaire, routier et maritime), ainsi que tous leurs acteurs majeurs soit ouverte dès que possible dans le but d’élaborer un vaste plan concerté et cohérent d’intermodalité des transports sur le territoire français.
Pour toutes ces raisons et dans l’attente que ces propositions soient débattues à l’échelle nationale, ALTER alerte dès aujourd’hui l’opinion publique française du hold-up de l’argent des contribuables mis en place par M. SMITH au nom d’actionnaires privés.