Orly est le centre du maillage point à point domestique et d’opportunités d’un trafic long-courrier très attractif et complémentaire de celui de CDG. Air France s’apprête à abandonner cette base.
Le projet Orly 2035 prévoit un fort développement de relocalisation d’entreprises à forte valeur ajoutée en vantant la connectivité avec les grandes entreprises du territoire. Transavia s’apprête à abandonner la liaison Orly-Pau, après avoir déjà abandonné Orly-Brest.
Ces décisions ne sont pas pertinentes, il faut les combattre au risque de perdre notre réseau au profit de la concurrence asociale des compagnies low-cost.
Air France abdique
La pertinence d’un Groupe aérien tel qu’Air France tient dans sa capacité à mailler le territoire et fidéliser la clientèle. L’offre doit couvrir notre pays et toutes les liaisons doivent servir de produit d’appel pour les destinations les plus rentables. Les bases de Lyon, Nantes et Strasbourg participent de cette stratégie de Groupe, qu’elles soient desservies par Air France, Transavia ou Hop!.
Mais, pour assurer une rentabilité à plus de 9 %, pendant un temps faible, certains dirigeants préfèrent détruire une marque et ses fondations qui assurent sa pérennité à long terme.
« La compagnie aérienne Air France va quitter l’aéroport de Strasbourg-Entzheim à compter du 30 mars 2025, a annoncé mercredi la compagnie à l’AFP, confirmant une information des Dernières Nouvelles d’Alsace.
À partir de cette date, la liaison Strasbourg - Lyon ne sera plus assurée par la compagnie, une décision faisant suite à la dégradation de la performance économique de cette liaison.
Elle s’explique par “la réduction du trafic point à point en France de façon générale en raison du développement de la visioconférence ou encore de la réduction des déplacements professionnels, et au report vers le train, selon Air France.
La réduction du trafic en correspondance au départ de Strasbourg via Lyon vers d’autres destinations en France et en Europe a aussi été observée. La suppression de cette liaison entraîne la fermeture de l’escale d’Air France à Strasbourg.” »
La concurrence se frotte les mains
D’autres compagnies ont compris l’intérêt d’exister partout, de proposer une offre globale, qui pourrait devenir incontournable, reléguant le Groupe Air France au rang de vague souvenir pour les usagers du transport aérien.
« Avec une offre riche de 24 routes dont 20 exclusives depuis l’Aéroport de Strasbourg en 2023, Volotea présente un bilan remarquable et une expansion notable dans la région strasbourgeoise.
Volotea est la première compagnie aérienne de l’aéroport en termes de réseau et consolide son ancrage à Strasbourg.
Le bilan de Volotea affiche d’excellentes performances avec près de 710 000 passagers transportés, marquant une croissance de 7 % par rapport à l’année précédente. Plus de douze ans après l’ouverture de sa base, Volotea confirme sa place de première compagnie aérienne de l’aéroport en termes de réseau et consolide son ancrage à Strasbourg. »
La solution Transavia ?
Transavia devait être LA solution. Après deux années de gabegies (horaires et fréquences faisant fuir la clientèle), la direction d’Air France s’est justifiée en accusant l’ancienne direction de Transavia de sabotage. Désormais « vous allez voir ce que vous allez voir ! ». Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’avenir du réseau domestique opéré par Transavia ne cesse de s’assombrir. Brest, Pau, Perpignan demain ? La liste des abandons ne fait que s’agrandir.
« Alors que l’aéroport de Perpignan enregistre une hausse de sa fréquentation de 7 % entre le début de l’année et la fin du mois de septembre par rapport à la même période l’an dernier, Transavia pourrait stopper sa liaison entre la capitale et la ville d’Occitanie. Après Paris-Pau, la compagnie aérienne à bas prix du groupe Air France-KLM envisage en effet de supprimer cette ligne, selon le journal régional L’Indépendant, mercredi 16 octobre. Une décision qui peut surprendre puisque cette liaison de Transavia représente à elle seule 45 % du trafic avec 21 vols par semaine pendant la saison estivale. »
Un enjeu national !
Nous n’avons eu de cesse de le répéter. Air France ne peut à la fois demander des aides publiques en cas de crise, et se défiler devant sa mission de service public d’aménagement du territoire. Tôt ou tard, les élus vont réagir et la stratégie de Benjamin Smith, déjà douteuse, devra être revue. Courir dans une impasse, en sachant qu’il faudra faire demi-tour, n’a comme seul objectif que le court terme, en aucun cas le renforcement des fondations qui assureront la pérennisation de notre compagnie.
« Cette suspension fait vivement réagir le maire et président de l’Agglomération de Pau, François Bayrou. “Je n’accepte pas cette annonce. J’ai l’intention que nous nous battions de toutes nos forces. C’est tout à fait scandaleux, car Air France est une compagnie nationale qui a bénéficié de plus de 10 milliards de ressources de la part de l’État durant la crise sanitaire. Elle a des obligations d’aménagement du territoire et elle ne les respecte pas. Je trouve cela inacceptable. Je suis sûr que beaucoup d’élus locaux en France partageront cette indignation et ce combat.” »
« L’avenir de l’aéroport de Pau semblait bien mal embarqué depuis la fin de la période Covid. Et encore plus depuis l’annonce fin août par Transavia de la suspension de la dernière ligne quotidienne Pau-Orly à partir du 27 octobre.
À quelques jours de cette sombre échéance, le maire de Pau et président de l’Agglo François Bayrou a annoncé deux bonnes nouvelles lors d’une conférence de presse ce vendredi après-midi, qui dessinent une possibilité d’éclaircie…
Selon François Bayrou, il est ressorti de ces échanges “deux orientations”, qui sonnent dans la bouche du maire de Pau comme autant d’engagements de la part du Premier ministre qui doit les confirmer par courrier ce samedi ou ce lundi. “La première orientation indique la préférence de l’État pour une obligation de service public partagée entre Pau et Tarbes-Ossun-Lourdes”, précise-t-il… Cette OSP commune doit débuter à l’issue de celle qui s’achève pour Tarbes en juin 2026.
La deuxième “orientation” annoncée par le Premier ministre est que d’ici là, “la ligne Pau-Orly ne doit pas s’interrompre et doit continuer à être assurée de la fin octobre à juin 2026’. Par Air France, par Transavia, ou une autre compagnie avec laquelle Air France contractualiserait, en lui faisant pourquoi pas profiter de son système de réservation. ‘Cela fait l’objet de négociations entre le gouvernement et Air France’, précise le président de l’Agglo de Pau Béarn Pyrénées. Ces négociations ne sont ‘pas achevées’, mais, selon lui, l’orientation fixée par le Premier ministre donne ‘un éclairage’ sur leur issue. » »
Tous ces abandons symbolisent malheureusement une stratégie de plus en plus incompréhensible pour le Groupe Air France :
Nous savons faire, mais nous ne voulons plus faire.
Les passagers sont demandeurs d’une offre Air France, mais nous les poussons dans les bras de nos concurrents.
Il va bien falloir dire STOP à cette stratégie qui met en danger notre compagnie, notre avenir et nos emplois.