Lorsque les syndicats ne remplissent plus leur rôle, par paresse, incompétence, calcul syndical, voire par corruption, les salariés n’ont d’autre choix que de prendre les choses en main. Les salariés basés à Orly se savent en danger avec la décision d’abandon par Air France, se savent isolés par la direction qui tente de les marginaliser, mais se savent soudés et déterminés à résister pour maintenir leur emploi.
Pour vous convaincre de la justesse de leur opposition au projet industriel de Benjamin Smith qui nous impactera tôt ou tard, ALTER relaie une sélection d’informations produites par ce collectif.
La direction dit que les capacités seront assurées à 90 % par Transavia après son départ d’Orly
FAUX
Transavia ne reprend que partiellement les liaisons de façon limitée et inappropriée.
Créant des lignes non rentables, non viables et qui seront donc arrêtées.
Exemple concret avec la desserte de Montpellier :
En 2019 avec Air France : 8 à 10 vols/j vers Orly (en plus des 4 à 5 vols/j vers CDG)
En 2023 avec Transavia : 1 à 3 vols/j en semaine vers Orly, 1 ou 2 le week-end.
Résultat : -50 %. Le nombre de passagers transportés est passé de 600 000 à 300 000.
TRANSAVIA est réputée plus agile ?
FAUX
Transavia >>>>> 189 sièges sur un seul type avion
Air France >>>>> 131 à 212 sièges sur 4 types avions
En matière d’agilité, la flotte d’Air France répond parfaitement aux attentes de notre direction, mais aussi de nos clients avec plus de fréquences et donc plus de flexibilité.
Moins d’avions, grande capacité, ils auront un meilleur taux de remplissage
FAUX
Ils sont à moitié vides, car, comme toutes les lignes subissent le même sort, il n’y a plus vraiment de correspondances entre les régions à Orly. Ne reste alors que la clientèle pour Paris.
Dans ce contexte, dire que les capacités sont reprises à 90 % n’a pas de sens.
Air France à Orly, c’est un outil fantastique de connexion interrégions en plus de Paris.
Une low cost n’est pas du tout faite pour ça.
Cette combinaison d’avions trop peu remplis alliée à une réduction importante des possibilités de correspondance conduira à l’abandon pur et simple des dessertes.
Il y a déjà eu des précédents de dessertes abandonnées.
✓ VRAI
Sur la ligne Orly-Brest, abandonnée par Air France et reprise par Transavia.
Les fréquences et les horaires proposés étaient inadaptés et ont fait fuir la clientèle.
La ligne devenue non rentable a ensuite été abandonnée.
Aujourd’hui, les collectivités locales en sont réduites à financer avec des deniers publics une nouvelle compagnie « Céleste » pour assurer la liaison Brest-Orly.
Il n’en reste pas moins que les correspondances vers d’autres régions seront très difficiles.
Le groupe Air France/KLM a un véritable projet industriel à Orly
✓ VRAI
L’arrêt des opérations d’Air France à Orly permet de donner les précieux créneaux à sa filiale Transavia dans l’optique de les utiliser sur le juteux marché européen et méditerranéen, très porteur puisque Paris est le 1er marché du continent.
Cette redistribution nécessite que les liaisons domestiques soient sacrifiées.
Avec la perte de rentabilité orchestrée par le cocktail décrit plus haut (avion plus gros moins rempli combiné à la perte de la capacité de correspondance), la direction finira par annoncer la main sur le cœur et la larme à l’œil qu’ils n’ont pas le choix et doivent abandonner le marché domestique.
Mais c’est en fait le projet depuis le début :
Benjamin Smith, DG d’AF-KLM : « Nous agissons donc aussi rapidement que possible pour retirer ces vols [domestiques] de Transavia et pourtransférer cette capacité du marché intérieur français vers des destinations européennes, qui sont beaucoup plus rentables, et bien sûr vers l’Afrique du Nord, où la concurrence est assez faible » (source la Tribune)
C’est triste, mais les liaisons peuvent être reprises par la concurrence
FAUX
Orly est plafonné à 250 000 mouvements par an et il n’y a plus de créneaux disponibles.
Il ne s’agit, ni plus ni moins, qu’un détournement des créneaux de la France vers les liaisons européennes.
Cela signifie la fin pure et simple de la majorité des liaisons domestiques.
Air France annonce que les fréquences sur CDG seront augmentées
FAUX
Cela nécessiterait un accroissement de la flotte qui n’est pas à l’ordre du jour.
Cela passerait aussi par un dimensionnement adéquat en personnel et en infrastructures, ce qui n’est pas prévu non plus…
Bref, même si la compagnie le voulait, ce serait dans des proportions non comparables avec l’abandon des dessertes depuis Orly.
De plus, à chaque fois que c’est possible, les clients préfèrent largement Orly à CDG pour rejoindre Paris.
Cette promesse de maintien de 90 % de la desserte est un leurre destiné à éviter les heurts sociaux et l’hostilité politique, puis à placer le pays devant le fait accompli.
Il y a des moyens d’améliorer la rentabilité d’Air France à Orly
✓ VRAI
Et cela peut se faire avec des avions avec des moteurs de nouvelles générations qui consomment 20 à 25 % de moins et émettent aussi moins de gaz à effet de serre comme les A320 neo (New Engine Option)…. Air France en a acheté pour… Transavia !
Le but affiché est d’améliorer encore le bilan financier et carbone de TO tandis que celui d’Air France s’enfonce, permettant de justifier l’abandon des lignes et le transfert des créneaux.
C’est donc un peu la fin de la politique d’aménagement du territoire ?
✓ VRAI
La clientèle qui prend de plein fouet cette perte de connectivité est obligée de trouver d’autres solutions.
Fini les allers-retours à la journée. Entre les nuits d’hôtel, les frais de bouche et la chute de la productivité de son personnel immobilisé, un contrôleur de gestion aura tôt fait de faire les comptes.
Quand cette réalité brute va apparaître, il est très probable que nombre de projets vont se retrouver redirigés vers les très grandes villes mieux desservies, que nombre d’entreprises vont migrer, que nombre de sous-traitants en région vont voir leurs commandes baisser avec toutes les conséquences tragiques en emplois directs et indirects.
Les subventions locales, en perte sèche pour celles récemment allouées, n’y changeront rien.
C’est pour la connectivité entre régions que ce déclin sera le plus massif.
Essayez donc Nice-Pau en train pour voir…
Pour les entreprises et les universités du sud francilien, parfois installées là pour les liaisons aériennes, aller à CDG est juste impensable. Le mouvement a déjà commencé depuis 3 ans et va s’amplifier dans un vaste redécoupage de l’activité.
Le départ d’Air France d’Orly, c’est l’assignation à territoire pour tout le tissu économique et humain.
Le télétravail a provoqué une baisse de la demande durable
FAUX
Des études du MIT et de Stanford montrent une baisse de 18 % de productivité avec le télétravail.
Une enquête de KPMG « 2023 CEO* Outlook » le confirme.
1300 CEO interrogés prévoient le retour à 5 jours par semaine en présentiel dans les 3 ans.
Parmi les arguments avancés : Difficulté de communication, de coordination et dégradation des réseaux humains.
*:CEO (Chief Executive Officier) est un terme employé pour désigner le PDG ou encore le DG d’une entreprise.
CDG est mieux connecté qu’Orly à la capitale et aux centres économiques
FAUX
CDG est loin de Paris et le RER B peu prisé (c’est le moins que l’on puisse dire) de la clientèle.
À contrario, les travaux sont en cours pour qu’une extension de la ligne 14 du Métro, très efficace et plus sûre, voie le jour (ouverture en juin !)
De même, la construction de la ligne 18 va relier Orly à tout le riche bassin économique du Sud-ouest parisien, pour lequel l’abandon des dessertes serait une catastrophe.
Enfin, la Ligne T12 relie Évry à Massy et à sa gare TGV. Elle vient compléter le dispositif sud francilien.
Le centre de gravité des transports en commun se déplace vers le sud, vers Orly et accroit fortement encore l’attractivité de la plateforme et l’importance des dessertes aériennes.
Il y a un lien fort avec l’état français
✓ VRAI
L’État est actionnaire à 28,6 %
Est-ce pour voir Air France réduire à néant les politiques d’aménagement du territoire ?
Leur travail est remarquable, ils sont une force argumentaire de grande qualité.
ALTER partage leurs préoccupations, comprend leur détresse, et a choisi de les accompagner naturellement dans leur combat.
Toutes et tous à Air France, doivent se sentir solidaires et les aider dans ce combat pour leur avenir comme pour notre avenir industriel commun.
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