Les hommes et les méthodes changent, pas les projets !
Benjamin Smith a décidé depuis longtemps qu’Air France devait abandonner Orly, comme Alexandre de Juniac le voulait en son temps. Il réussira si nous restons dupes et serviles de sa politique.
Dès 2026, la direction d’Air France ne veut plus voir un seul avion aux couleurs d’Air France sur le tarmacde son aéroport historique. La dernière garantie périmétrique à abattre est celle qui concerne la réalisationdes vols La Navette. Des négociations se sont donc ouvertes.
Le positionnement clair d’ALTER
Tout miser sur le low cost et abandonner le réseau domestique, c’est ce qu’a fait Alitalia, et on connait lerésultat.
Non seulement la stratégie est périlleuse à long terme, mais ses conséquences sociales sont dramatiquespour plus de 1000 de nos collègues. L’abandon des bases province et le passage obligé par la case Transaviapour nombre de pilotes n’est certainement pas un détail négligeable non plus.
ALTER est fermement opposé à cet abandon, parce qu’il est déraisonnable de tout miser sur Transavia qui n’atoujours pas fait la preuve de sa rentabilité, parce qu’Orly bénéficie d’un potentiel unique en Europe, parce quenos passagers sont attachés à la marque Air France, parce que c’était un engagement ferme et constant deBenjamin Smith.
Les exigences de la direction
Benjamin Smith a décidé, la direction l’a publiquement annoncé, Air France doit disparaitre (d’Orly). Circulez, on ne discute pas, « j’ai dit ! ». Un accord du SNPL m’empêche de faire opérer les vols LaNavette par Transavia ? Pas de soucis, j’impose à mon collaborateur une modification de l’accord ! Le SNPL doit, et donc va, autoriser la direction d’Air France à opérer ce transfert de lignes et de créneaux versTransavia.
Le SNPL s’excuse d’avance de sa trahison en exposant son erreur flagrante de représentation du rapportde force : « La direction n’a pas besoin de notre signature pour abandonner La Navette ! ». Certes, mais est-ce que le projet de cette direction passerait médiatiquement auprès des élus (qui doivent sauver lesapparences) et des passagers clients (qui nous font vivre) si en parallèle la direction ne pouvait pas afficher que les lignes seraient toujours opérées (par Transavia) ? Certainement pas.
En clair, sans levée de la dernière digue périmétrique protégeant Orly, le projet Alexandre de Juniac repris habilement par Benjamin Smith, tombe à l’eau. Ne soyons pas dupes !
Les revendications du SNPL
Dès lors qu’il s’affiche faible dans le rapport de force, mais qu’une négociation s’ouvre, le SNPL invente des revendications pour donner le change aux pilotes.
• Nous avons échappé au TAF4 et à la création de périodes d’embargos, voulus par le bureau SNPL,ouf !
• Le SNPL demande l’ouverture de bases province chez Transavia.
La direction ne prend surtout pas d’engagement ferme (« Transavia envisage de baser des avions et des pilotes en province ») et précise déjà que cela impliquera la perte du TAF des pilotes retenus, que Transavia pourra décider à tout moment et unilatéralement du nombre de coques et d’équipages basés. ALTER précise que pour quelques pilotes anciens qui pourraient bénéficier de ces bases, de très nombreux pilotes perdront les rotations longues (comme les rotations au départ de Nantes de 5 ou 6 jours) .
• Le précédent accord (2020) garantissait 80 coques brutes sur le HUB de CDG, le maintien des vols Corseet La Navette au départ d’Orly en moyen propre (une quinzaine de coques), l’activité Antilles (2 coques), lescoques basées. Le SNPL a obtenu une nouvelle garantie de 85 coques (Hub, Antilles, Corse, avions deréserve).
• Les accords de 1992 et Transform au sujet des sièges repos pilotes long-courrier n’étaient pas respectés,la SNPL a obtenu sa réécriture, moins- disante par rapport aux accords d’origine, et pourra argumenterqu’il vaut mieux un mauvais accord respecté (combien de temps ?) qu’un bon accord qu’on est incapable defaire respecter.
• De nombreuses autres mesures marginales (prévoyance, respect des FTL sur la notion d’acclimatation pour le calcul des limitations de TSV, définition de la moyenne secteur, etc.) sontajoutées pour permettre au SNPL de continuer son service après-vente des projets de Benjamin Smith.
Si nous ne disons pas STOP aujourd’hui, la direction et le SNPL, qui discutent depuis des mois du projet « Transavia Europe », auront un boulevard pour poursuivre le démantèlement d’Air France au profit d’entités aux contrats moins-disant (comme nous l’exigeons de Ryanair ou Volotéa, le contrat d’un pilote basé dans un pays ne peut QUE respecter le droit local, aucunement le droit social du pays d’origine).
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