90 ans d'histoire s'envolent : Air France à ORLY c'est fini. L’annonce a été faite devant le CSE central ce jeudi 19 octobre, précédée par une annonce à la presse peu avant l’ouverture de la bourse.
Plus de 1000 emplois de qualité sont menacés (ils seront remplacés par des emplois précaires en sous-traitance).
La réalité, c’est que l’avenir d’Orly a été scellé dès l’arrivée de M. Smith à la tête du Groupe AF/TO/KLM.
Un petit rappel des faits s’impose :
– En 2019 M. Smith demande aux syndicats pilotes l’autorisation de déplafonner le nombre d’avions chez Transavia, et de permettre à celle-ci d’opérer sur le réseau domestique. La grogne des organisations syndicales sol fera que seule la première revendication sera satisfaite et le bureau du SNPL de l’époque fera voter à 80 % l’acceptation de celle-ci, sur la base d’un mensonge par omission sur les étapes suivantes des plans de M. Smith, en particulier le caractère instable de la garantie de 110 coques moyen-courrier Air France.
ALTER a informé les pilotes, dans un devoir de transparence, mais cela n’a pas suffi. C’est à ce moment que M. Oltion Carkaxhija a abandonné l’idée de nous inviter à diner malgré nos refus systématiques.
– En 2020, en pleine crise COVID, M. Smith demande aux syndicats pilotes l’autorisation de transférer les vols domestiques d’Orly au profit de Transavia (en réalité, il s’agira plus d’un transfert de slots). C’est le SNPL, par la voix de M. Bossy et M. Gestas, qui freinera cette ambition, au simple motif qu’il pensait que les pilotes ne pourraient pas avaler un chapeau aussi grand.
Le rythme de montée en puissance ne permettant de toute façon pas de rayer Air France du paysage d’Orly en un claquement de doigt, il a été décidé de vendre aux pilotes le transfert des lignes domestiques, à l’exception des vols Navette et Corse. 80 % des pilotes du SNPL ont approuvé la proposition du SNPL et de la direction, sur la base d’un mensonge par omission sur les étapes suivantes des plans de M. Smith, en particulier le piège de ne garantir qu’un nombre de coques moyen-courrier Air France (80) au départ de CDG, laissant la flotte MC à Orly et en province sans aucune protection.
ALTER a informé les pilotes, dans un devoir de transparence, mais cela n’a pas suffi. C’est à ce moment que le SNPL a décidé de définitivement s’enfermer dans une politique de collaboration active, jouant tapis sur les projets de M. Smith.
L’accord de Groupe AF-TO et ses avenants, consacrant tous ces abandons de lignes en moyen propre Air France, seront finalement signés par le SNPL, la direction et le SPAF.
– En 2023, en pleine croissance du transport aérien, l’abandon d’Orly par Air France est donc acté (à moins d’actes de résistances des contribuables et des salariés).
Pourtant la demande n’a jamais été aussi forte, les prix des billets n’ont jamais été aussi élevés, la connexion d’Orly avec Paris devient optimale, Transavia a déjà abandonné quelques lignes domestiques précédemment transférées et démontré sur les autres destinations qu’elle n’était pas conçue pour ce type d’exploitation.
Malheureusement, les annonces d’abandon d’Orly ne sont aucunement une surprise pour ALTER. Nous étions bien seuls en face d’un rouleau compresseur maitrisant les effets d’annonce (achat d’A350, pour le renouvellement de la flotte, présenté comme exceptionnel, cf. dernier BSPN), la distribution de bulles de champagne qui mettent des étoiles dans les yeux des salariés, la peur (crise COVID dont nous avons réchappé grâce à l’aide financière de nos concitoyens, en particulier ceux habitant les régions desservies depuis Orly) et la mise sous tutelle de la principale force syndicale pilote (jusqu’à recruter directement dans ses rangs pour nommer un nouveau directeur des relations sociales pilotes). Le dernier flash-actu, annonçant le maintien de la desserte de la Corse si et seulement si son offre de délégation de service public est retenue, ne doit pas nous embrumer l’esprit : Air France ne desservira plus la Corse depuis Orly, elle s’arrangera pour l’habiller derrière la faute des pouvoirs publics.
L’avenir nous dira si les responsables politiques des régions françaises réagiront plus promptement que lorsque nous les avons sollicités à l’été 2020, si les organisations sol et PNC réagiront plus énergiquement que lorsque nous les avons alertés en 2019 et 2020, si le bureau SNPL continuera de collaborer activement aux projets de la direction de M. Smith, marchant dans les pas des fossoyeurs qui les ont précédés (Guillaume Schmid, ancien vice-président du SNPL AFTO et actuel élu CSE, sur Twitter : « quitter Orly n’est pas un coup de génie, mais la seule décision rationnelle »).
ALTER mettra tout en œuvre pour préserver l’héritage et le futur d’Air France.
Sans ces réactions attendues, l’étape suivante du projet de M. Smith (c’est vrai, ALTER devient pénible à jouer les oiseaux de mauvais augure, mais il s’agit là de notre responsabilité syndicale au service des pilotes, de l’impératif discours de vérité) sera la création d’une filiale low cost long courrier au départ d’Orly (« vous comprenez, la demande est forte ») après un probable rachat d’une compagnie existante.